Sophie Yohani_Head Shot

Auteur : Tom Ndekezi [traduction de l’anglais au français]

23 juin 2021

Même s’il existe d'autres programmes de stages qui se focalisent sur l’apprentissage pratique, l'acquisition de compétences et le mentorat professionnel, ce qui différencie le Programme ELITE pour la jeunesse noire des autres est son caractère holistique. Il est très rare que le repos, le travail et le loisir existent dans le même cadre. Mais avec ELITE, le développement personnel et professionnel sont les deux côtés de la même médaille. Ces caractéristiques constituent la base de la philosophie organisationnelle d’ELITE. Mais si vous voulez les voir sous sa forme la plus nette, vous n'avez pas à chercher plus loin que Dre Sophie Yohani.

Étant la Chargée de l'encadrement et du soutien, Dre Yohani aide les stagiaires à tisser des liens entre leur placement professionnel et les autres dimensions de leurs vies. Un exemple concret s’agit du fait qu’elle encadre des groupes de discussion avec les stagiaires du Programme ELITE qui sont animées par des psychologues provisoires.

« Ce qui est intéressant est que le programme de bien-être est aussi un programme de mentorat », exprime Dre Yohani, qui est psychologue agréée et professeure dans le département de Psychologie éducative à l’Université de l’Alberta. « La personne qui anime les discussions de groupe est une psychologue provisoire - signifiant qu’elle est en cours d’obtention de sa licence - et qu’elle est supervisée et encadrée par moi. Alors, ceci constitue également une occasion pour elle de partager son expérience et ses connaissances. »

À partir de mai 2021, les stagiaires du Programme ELITE faisant des études universitaires ont été divisés dans deux groupes de discussion portant sur le bien-être et l’encadrement. Ces stagiaires se rencontrent virtuellement deux fois par semaine pour discuter de sujets tels que : la gestion du stress, la résilience, le bien-être, et l’accès aux ressources de santé mentale. Les groupes ont été structurés de façon à inclure des stagiaires d’origine, d’intérêts et d’identités divers. Les sujets de discussion ont été choisis à l’aide d’un comité consultatif communautaire. Dre Yohani a mis une emphase sur l’aspect collaboratif à travers chaque étape de l’élaboration du curriculum, ce qui a permet d’avoir des groupes de discussion participatifs plutôt que prescriptifs. La rétroaction des stagiaires est aussi en train d’être collectée pour améliorer les futurs groupes de bien-être et d’encadrement.

« C'est ce qu'on appelle : la recherche participative communautaire », m’explique Dre Yohani. « C’est un cadre qui permet d’impliquer la future clientèle dès le début et même pendant le processus d’initiation et de définition des objectifs. »

Rester connecté à la communauté a été un thème commun à travers la carrière de Dre Yohani, qui a débuté avec son départ de son pays natal, la Tanzanie, pour poursuivre des études en psychologie aux États-Unis. Après son arrivée au Collège Mont Holyoke au Massachusetts en tant qu’étudiante internationale, elle a eu l’occasion de travailler avec la psychologue clinicienne de renommée mondiale Beverly Daniel Tatum, avant de venir compléter ses études supérieures à l’Université de l’Alberta.

24 ans plus tard, Dre Yohani s’occupe maintenant d’encadrer sa propre cohorte de futurs professionnels de la santé mentale. Aussi, elle fait de la recherche sur la santé mentale et l’adaptation psychosociale des réfugiés et des immigrants.

Récemment, Dre Yohani a été octroyée du prix annuel du Professorat Killam de l’Université de l’Alberta. Ce prix reconnaît l’excellence d’un individu dans son enseignement, sa recherche, ses publications ou la supervision d’étudiants diplômés ou du premier cycle, ainsi que les contributions à la communauté en dehors de l'université. C'est un hommage approprié pour la carrière de plus de deux décennies de Dre Yohani. Au cours de cette période, elle a gardé l’intention de non seulement soutenir sa communauté, mais aussi de la faire croître.

« Quand j’ai déménagé au Canada pour l’école supérieure, j’avais de bons superviseurs et personnes qui m’ont encadrée. Toutefois, par exemple, je n’ai jamais eu un mentor psychologue noir », dit Dre Yohani. « Alors, maintenant j’ai fait exprès de fournir cette expérience pour de futurs psychologues. »

« Une bonne chose qui m’a été utile est le fait que j’ai toujours gardé un pied fermement dans la communauté et l’autre sur le campus. À cause du travail que je fais, j’ai été capable de combler cette lacune du fait qu’il n’y ait pas plusieurs personnes qui font ce même travail ou qui ont des antécédents similaires. Je l’ai fait en travaillant avec les communautés et les collaborateurs communautaires en dehors de l’université. »

Le rapprochement intercommunautaire fut un autre objectif principal de Dre Yohani lors de la conceptualisation des groupes de discussion pour les stagiaires. Malgré les ressemblances qui existent chez les vécus des Canadiens noirs - surtout les jeunes personnes noires qui cherchent à évoluer dans les domaines STIM - souvent la grande diversité qu’on y retrouve également est ignorée. Même si leurs expériences vécues se ressemblent sur certains plans, Dre Yohani souligne l’importance de considérer les manières dont elles divergent - surtout quand ça vient à essayer de formuler une approche au bien-être universelle. 

« Souvent, les jeunes personnes noires sont mal comprises et regroupées dans une seule catégorie. Ainsi, certaines font face à des défis identitaires et à la façon dont elles veulent s’exprimer personnellement et professionnellement comparativement à comment elles sont perçues », dit Dre Yohani. « J’espère que grâce à ce programme de bien-être, les stagiaires augmenteront leur sensibilisation, leurs connaissances, leurs compétences sur ce que le bien-être signifie pour eux, ainsi qu’avoir une meilleure idée des ressources disponibles au fur et à mesure qu'ils progressent dans leurs carrières. »