Rittenbach_headshot

Auteur : Tom Ndekezi [traduction de l’anglais au français]

26 juillet 2021

L’Effet ELITE est une série où nous présentons un des responsables de stages du Programme ELITE pour la jeunesse noire.

Dre Kay Rittenbach est la directrice scientifique adjointe du programme provincial intitulé Addiction & Mental Health Portfolio offert par Alberta Health Services. Elle est originaire des États-Unis et elle a complété ses études supérieures ici au Canada, en ayant obtenu son doctorat en psychiatrie de l’Université de l’Alberta.

En tant que directrice scientifique adjointe de Alberta Health Services – un poste qu'elle a occupé au cours des huit dernières années – Rittenbach est chargée de mettre en communication les chercheurs et les organisations communautaires avec le système de santé global. Ceci implique de promouvoir la recherche qui porte sur la dépendance et la santé mentale, la recherche de tendances dans les données administratives et la défense de personnes ayant des perspectives et des expériences vécues uniques, tout en gardant l’objectif de créer un système de santé plus inclusif et efficace.

Rittenbach fait partie des responsables de stage pour le Programme ELITE pour la jeunesse noire. Elle encadre deux stagiaires du Programme ELITE qui travaillent sur le projet eMental Health de Alberta Health Services. Ce projet de recherche constitue une collaboration entre Alberta Health Services, les communautés autochtones locales, l’Université de Calgary, l’Université de l’Alberta, et l’Université de Sydney. Le projet vise à trouver des ressources de la santé mentale pour soutenir des jeunes ayant des besoins cliniques faibles à modérés.

Récemment, nous avons eu l’occasion de discuter avec Rittenbach sur comment elle s’est impliquée dans le Programme ELITE, de son expérience en tant que responsable de stage, des conseils qu’elle donnerait à d’autres entreprises intéressées à devenir des partenaires du Programme ELITE, parmi d’autres sujets.

Les réponses aux questions ont été modifiées par souci de concision et de clarté.

ELITE: Pour débuter, pouvez-vous nous dire un peu comment vous avez entendu parler du programme ELITE?

Un de mes collègues m’a transféré un courriel de Dr McDonald et m’a dit, « Il y a cette opportunité. Si vous avez un projet qui pourrait convenir et vous êtes intéressée, n’hésitez pas à faire le suivi ». Et quand j'ai lu l'e-mail, j'ai décidé que je le voulais, et un projet sur lequel le portfolio travaillait m'est venu à l'esprit. Alors, mon intérêt pour ce programme est venu d’un courriel que Dr McDonald a envoyé.

Quelle a été votre expérience en travaillant avec les stagiaires du programme ELITE, jusqu'à présent ?

Ils sont excellents !

J’ai eu plusieurs conversations avec de nombreux chercheurs et diverses personnes sur le type de personnes qui peuvent donner de leur temps pour un stage non rémunéré ou une position bénévole. Effectivement, il faut être assez privilégié pour ne pas être payé pour son travail. Selon moi, c’était un grand avantage que ces stages soient rémunérés, vu qu’Alberta Health Services n’a pas les moyens financiers. Par ailleurs, en travaillant avec ce programme de stage je constate qu’ils [le Programme ELITE] sont très organisés, très professionnels, et ils soutiennent les stagiaires d’une manière que la plupart des stagiaires ne reçoivent pas, en particulier dans ce type de situation où ils ne sont que deux. J’ai entendu des histoires de grandes organisations qui accueillent 50 stagiaires qui ont des réseaux désignés pour les stagiaires, toutefois notre groupe ne l’a pas. Alors, je le trouve fantastique de pouvoir travailler avec le Programme ELITE.

Pourquoi pensez-vous qu’il soit important d’avoir des programmes de stages désignés pour les étudiants noirs, comme le Programme ELITE?

Évidemment, je ne sais pas ce que c’est d’être un étudiant noir en Alberta. Mais au cours des deux dernières années, il y a eu tellement d’attention médiatique sur l’injustice sociale qui a ouvert mes yeux. Je suis originaire des États-Unis, alors je suis encore les nouvelles de là-bas, et ça m’a fait penser à quelles actions je peux faire. Ensuite, en voyant le Programme ELITE juste après, j'ai senti : une opportunité parfaite !

J’ai déjà mentionné le financement, mais il est très important de pouvoir payer ces stagiaires. De plus, il est important d’avoir des programmes spécifiques pour des communautés marginalisées. Le Programme ELITE l’a rendu beaucoup plus facile de trouver et recruter des personnes talentueuses, en offrant toutes ces ressources supplémentaires que je n’aurais pas été capable de fournir.

D'après votre expérience en tant qu'employeuse, quel est l'avantage d'embaucher des étudiants ou de nouveaux diplômés qui ont eu de l'expérience avec l’apprentissage pratique intégré au travail ?

Il y a beaucoup de normes dans les bureaux et les lieux de travail qui ne sont pas enseignés dans les écoles. Je peux parler de mon expérience de mon premier emploi que j’ai eu après avoir compléter l’école supérieure. À l’école supérieure, j’avais un superviseur qui me permettait de lui envoyer mes ébauches et après on se rencontrait pour en discuter, puis j'allais travailler dessus un peu plus. 

Cependant, la première fois que j'ai fait ça avec mon superviseur au travail, il m'a fait entrer dans le bureau et m'a dit qu'il n'avait pas le temps de regarder les brouillons et qu’il voulait seulement voir le travail final. C’était vraiment une prise de conscience, mais c’était aussi une norme spécifique pour ce bureau et pourrait varier en fonction du bureau et de la carrière. Toutefois, il y a des normes qui sont mieux d’apprendre dans un environnement à plus basse pression, tels que : Comment envoyer un courriel aux gens ? Qu’est-ce qui est approprié ? Quand est-ce qu’on se présente ? Qu’est-ce qu’on porte ? De plus, des règles souvent tacites.

D’ailleurs, selon la perspective des stagiaires, être dans un lieu de travail particulier leur permet de savoir s’ils aiment ce travail ou s’ils veulent le poursuivre comme carrière. Je sais que les deux stagiaires actuels sont intéressés par l’école de médecine. Ainsi, bien que ce qu'ils font dans ce stage ne les préparent pas forcément pour l’école de médecine, ça les familiarise avec des médecins avec lesquels ils peuvent partager des expériences. Cela leur permet également de voir comment fonctionne le système de santé, ce qui, je pense, peut être vraiment opaque pour quiconque n'en fait pas partie. 

Quels types de qualités ou caractéristiques avez-vous tendance à chercher dans une personne que vous voulez embaucher ? 

Habituellement, je fais des embauches pour des projets de recherche, alors je cherche quelqu’un qui est vraiment intéressé par le projet. Ils ont peut-être des liens avec la communauté ou sont simplement intéressés par la recherche, mais avoir une sincère curiosité aide vraiment. Plusieurs choses peuvent être instruites — compétences, logiciels informatiques, etc. — mais si la personne n’est pas curieuse à propos d’un projet, ça peut être très difficile. Alors, ceci est une des premières choses que je cherche.

Quelque chose d’autre que je trouve essentielle est quelqu’un qui n’a pas peur de s’exprimer et à demander quand ils ont besoin d'aide. C’est très facile de se dire : « Je devrais régler ceci moi-même. C’est mon travail. Si je ne sais pas comment le faire, je m'assois ici et je m’inquiète, en quelque sorte ». Savoir quand demander pour de l’aide est très important, parce que votre supérieur peut avoir d’autres personnes et projets qu’ils doivent superviser et ne se rendent pas forcément compte que vous avez des difficultés. Alors, l’habileté de garder une communication ouverte est très importante.

Étant donné que vous avez maintenant passé un mois en tant que responsable de stage, est-ce que c’est une expérience que vous recommanderiez à d'autres entreprises qui souhaitent s'impliquer dans le programme ELITE dans l’avenir ?

Tout à fait. La vérité est qu’il y a beaucoup de travail caché associé aux stages. Je ne pense pas qu’on puisse accueillir un stagiaire chez nous, lui donner un projet et ensuite vérifier son travail seulement à la fin des quatre mois. Je pense qu’on accueille un stagiaire en sachant qu’on va cultiver une relation au cours de quatre mois et à la fin on espère que le stagiaire, vous-même et l’organisation ont tiré des bénéfices. Mais, il faut s'exercer pour tirer des bénéfices.