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Auteur : Tom Ndekezi [traduction de l’anglais au français]

Étiquette : Le Programme pour la jeunesse noire clôture sa première année et débute une deuxième année de formation exceptionnelle, d’apprentissage, et de mobilisation

Date: 31 janvier 2022

Après 16 semaines de programme, 38 placements en milieu de travail, et plus de 21 000 heures d’expérience de travail pratique, le Programme ELITE pour la jeunesse noire clôture sa première année de fonctionnement en 2021.

Afin de faire un retour sur une année remplie de travail, d’apprentissage et de défense des intérêts de la jeunesse noire, les participants, le personnel, et les partenaires du Programme ELITE se sont réunis le 26 août 2021 pour un après-midi de présentations lors de l’événement du dernier atelier technique des stagiaires du Programme ELITE. Lors de l’après-midi, les participants du programme ont présenté leurs expériences d’un été passés à travailler avec des organisations comme l’Université de l’Alberta, Enbridge, Services de santé de l’Alberta, la ville d’Edmonton, et Token Naturals. Les projets eux-mêmes allaient des tests de stagiaires sur des systèmes de contrôle de la circulation utilisés par les services d’incendie jusqu’à la recherche sur les récepteurs liés à la séquestration des globules rouges parasités. Mais malgré la variété des sujets abordés à travers les dizaines de présentations, une chose ressort clairement de l’ambiance du jour : après une année inaugurale réussie, le travail du Programme ELITE ne fait que commencer.

 

Différent du début

Lancé en décembre 2020, le Programme ELITE pour la jeunesse noire est né de débuts pour le moins non conventionnels. Alors que le monde continuait de s’adapter aux mesures de confinement en 2020, la plupart des organisations fermaient leurs portes, réduisaient les programmes offerts, ou se précipitaient pour passer au numérique. La sagesse habituelle aurait peut-être déconseillée de lancer une initiative au milieu d’une pandémie, en particulier une qui nécessiterait un financement important. Mais, heureusement pour le fondateur du Programme ELITE, Dr André McDonald, ce n’était pas un problème conventionnel.

Le choc de la pandémie a clairement montré que de nombreux espaces allaient changer pour de bon, le lieu de travail en tête parmi eux. Bien que la capacité d’innover, de travailler avec la technologie, et l’autonomie ont longtemps été présentées comme les compétences de demain, l’effet surprise de la pandémie a fait en sorte qu’elles sont rapidement devenues les compétences d’aujourd’hui. La course à protéger les lieux de travail de la COVID-19 signifiait également que les normes professionnelles établies de longue date étaient inefficaces, tandis que des approches moins communes sont devenues la norme. Qu’ils s’agissent des groupes de travail qui se rencontraient sur Zoom au lieu de réserver des vols à travers le pays, des organisations devant digitaliser leurs documents pour améliorer l’accessibilité, ou le télétravail qui est devenu une nécessité, la pandémie de la COVID-19 a signifié que l'avenir du travail est venu beaucoup plus tôt que prévu.

Les graines du Programme ELITE ont également été plantées au cours d’un été de dénonciation du racisme, stimulé par les meurtres de George Floyd, Ahmaud Aubery et Breonna Taylor. À la suite d’une vague de manifestations mondiales, la lutte contre le racisme systémique anti-Noirs était menée non seulement dans les services de police et les salles d’audience, mais dans toutes les sphères de la vie publique. Alors que les gouvernements, les communautés, et les individus réfléchissaient à leurs propres contributions aux systèmes d’oppression, les entreprises et corporations en faisaient de même. L'image qui a émergé était celle d’un monde des affaires où les personnes noires étaient souvent sous-estimées, sous-représentées ou carrément ignorées, mais aussi un monde qui était prêt à commencer à prendre des mesures positives et proactives pour améliorer la situation.

Entre les nouvelles réalités provoquées par la pandémie et les problèmes historiques ressurgis par les manifestations de George Floyd, le besoin d’approches plus équitables pour l’avenir du travail n’aurait pas pu être plus évident. En tant qu’expert du transfert thermique, le Dr McDonald a compris l’importance de ne pas non seulement puiser dans la tendance du moment, mais de plutôt créer une initiative qui se maintiendrait à travers le temps. Pour lui, il n’y avait qu’une seule manière de le faire : un programme complet d’expérience au travail centré sur la défense des intérêts, l’apprentissage intégré au travail, les technologies futures, et surtout la jeunesse noire. 

« Dans le passé, il n’y a pas eu beaucoup d’opportunités offertes à la jeunesse noire qui les obligeaient à innover », dit le Dr McDonald réfléchissant à l’inspiration derrière ce qui allait devenir le Programme ELITE. « Il existe une culture où les jeunes Noirs vont à l’école, obtiennent des A, trouvent du boulot, travaillent un neuf à cinq, et c’est tout. Mais, je voulais changer ça. Je voulais que la jeunesse noire adopte une mentalité d’innovation. Je voulais qu’ils réfléchissent à la façon dont ils pourraient utiliser les connaissances acquises grâce à leur expérience intégrée au travail, innover avec elles s’ils peuvent, puis commencer à réfléchir : “Comment puis-je créer une opportunité commerciale avec mon nouvel apprentissage en science, technologie, et ingénierie ?" ».

 

Un réseau gagnant

Pour faire passer le Programme ELITE de sa conceptualisation à son lancement, le Dr McDonald a recruté l'aide des amis et des collègues à travers le continent. Pour le Co-directeur du programme, le Dr McDonald a fait appel à l’expertise du Dr Adetola Adesida, professeur dans le département de chirurgie de l’Université de l’Alberta. La Dre Sophie Yohani, professeure dans le Département de psychologie de l'éducation, s'est engagée en tant que la Chargée de l'encadrement et du soutien du programme. Pour compléter l’équipe exécutive du Comité directeur international composé de 13 membres, le Dr McDonald a également contacté la Dre Sédami Gnidehou qui est professeure adjointe au Campus Saint-Jean et responsable des affaires francophones du Programme ELITE. Le Dr James Kariuki s’est récemment joint au Comité directeur pour soutenir le développement du programme et la pédagogie, étant donné son expérience en tant que le Doyen associé au Campus Augustana de l’Université de l’Alberta.

« Il était important pour nous de veiller à ce que le programme valorise l’équité, la diversité, et l’inclusion à travers la communauté noire, plutôt que de créer un programme qui suggérerait que la communauté noire est homogène », dit Dr McDonald. « [La communauté noire] est très hétérogène, et nous voulions nous assurer que sa diversité fasse partie de notre programme également. Ainsi, bien que le développement de compétences technologiques ait été à l’origine de la création du programme, le développement de compétences sociales et émotionnelles, ainsi que la diversité et l’inclusion, en faisaient aussi partie ».

En plus d’être dirigé par certaines des personnes les plus brillantes de l’Université de l’Alberta, le Programme ELITE visait également à nouer des relations avec des organisations partageant les mêmes idées. Grâce à ses partenariats avec des organisations, telles que l’Association des étudiant.e.s noir.e.s de l’Université de l’Alberta et RBC Objectif avenir, le Programme ELITE a pu offrir lors de la première année à sa cohorte des programmes comme une formation en entrepreneuriat et des ateliers de littératie financière.

« Lorsque [RBC] envisage de financer des programmes, nous voulons être des philanthropes transformationnels, et non transactionnel », exprime Jerilynn Daniels, directrice générale du département de Marketing communautaire et de la citoyenneté pour RBC en Alberta et dans les territoires. « Nous réfléchissons à la manière dont nous pouvons exploiter les capacités de nos employés pour apporter de la valeur à nos partenaires, que ce soit par le développement de compétences ou le mentorat. Ainsi, avec le Programme ELITE, nous avons l’opportunité supplémentaire pour nos gens de gérer des séances d’éducation financière avec les participants du programme. »

Fort de l'étendue de l’expertise du Comité directeur et d’un réseau complet de partenaires commerciaux et communautaires, il n’est pas surprenant que la cohorte inaugurale du Programme ELITE ait eu tant de succès. Si les présentations brillantes faites lors de l'événement de clôture n'étaient pas une preuve suffisante à cette fin, vous n'auriez pas à chercher beaucoup plus loin que les témoignages élogieux des participants réels du programme.

« C’est vraiment génial d’être dans cet environnement où vous êtes entourés d’autres associés noirs qui travaillent également à leurs propres objectifs », déclare Tinashe Muzah, étudiant en finance en troisième année, s’adressant à Folio, le site officiel de journalisme de l’Université de l’Alberta. « C’est certainement quelque chose que je n’ai jamais eu auparavant : des superviseurs qui comprennent les enjeux spécifiques de l’expérience des personnes noires au sens professionnel. »

« Ça fait vraiment du bien de mettre en pratique ce que j'apprends », ajoute Imani Murray, étudiante de troisième année en physiologie, qui a passé son été à travailler en tant qu'assistante de recherche dans le Laboratoire de contrôle neuromusculaire et de biomécanique de l’Université de l’Alberta. « C’est encourageant d’avoir un rappel sur pourquoi j’étudie ce que j’étudie. »

 

Bases solides

Bien que le succès de l'année inaugurale du programme ELITE puisse sembler être un couronnement, en réalité, c'est le fondement des ambitions encore plus élevées du programme.

« Cette année a été notre catalyseur de référence pour une initiative plus grande qui soutiendra plus d’étudiants », déclare Dr McDonald. « Nous avons soutenu environ 40 étudiants cette année et nous aimerions augmenter ce chiffre à 60 ou 80 à l’avenir l’année prochaine et l’année suivante. Nous aimerions également que le programme soit national, mais de manière graduelle. »

Le Programme ELITE devrait déjà s’étendre à Ottawa en 2022, et il ne fait aucun doute que l’approche unique du programme sera un succès dans les communautés à travers le pays et l’Amérique du Nord. Ceci est aussi un sentiment partagé par toute la famille du Programme ELITE.

« Cette année a été notre lancement d’essai, mais il serait formidable si le programme devenait ensuite national et peut-être même international », dit le Co-directeur du programme, Dr Adetola Adesida. « Nous savons que c’est un modèle qui marche, et quand on y pense, la jeunesse noire partout aspire plus ou moins aux mêmes choses. Ils veulent réussir, ils ont beaucoup d’énergie, et ils ont beaucoup d’idées, mais ils ont aussi besoin de modèles pour leur montrer la bonne voie. »

« Comme ce serait merveilleux si un programme national était né d’un partenariat qui a été créé ici même [en Alberta] », déclare Jerilynn Daniels de RBC. « Ainsi, l’espoir que le Programme ELITE devienne national n’est pas uniquement partagé par RBC, mais aussi par les deux autres bailleurs de fonds [Centre des Compétences futures et la Fondation canadienne du counseling]. Nous espérons que ceci sera une formidable rampe de lancement pour ces jeunes qui ont la possibilité d’être les premiers à participer à ce programme pour vraiment aider à le façonner. »

Les points forts du modèle du Programme ELITE résident invariablement dans l’accent mis sur l’expérience pratique du travail, l’encadrement en bien-être et en carrière, le développement de compétences techniques, ainsi que le mentorat individuel et la défense des intérêts de la jeunesse noire. Les efforts impressionnants de collecte de fonds du Comité directeur ont réduit le fardeau financier imposé aux employeurs, tout en permettant aux étudiants de ne pas avoir à choisir entre un travail rémunéré et le développement de compétences valables.

« J’ai eu plusieurs conversations avec de nombreux chercheurs et diverses personnes sur le type de personnes qui peut donner de leur temps pour un stage non rémunéré ou une position bénévole. Effectivement, il faut être assez privilégié pour ne pas être payé pour son travail », mentionne Dre Kay Rittenbach, Directrice scientifique adjointe des Services de santé de l’Alberta et responsable de stage du Programme ELITE au cours de l’été passé. « Selon moi, le fait qu'il s'agisse des stages rémunérés était un énorme avantage. »

« Le fait qu’il s’agissait de stages rémunérés était vraiment important pour nous », ajoute Bruce Lawson, le Président de la Fondation canadienne du counseling, en évoquant la décision de la Fondation d’aider à financer le Programme ELITE au cours de sa première année. « Il existe plusieurs stages qui ne sont pas rémunérés, ce qui constitue généralement un obstacle pour toute personne issue d’un milieu socio-économique défavorisé - qu’elle soit noire, autochtone, ou appartenant à une autre communauté racialisée. »

Cet engagement à optimiser l’expérience de stage pour les participants et les employeurs n’a pas seulement distingué le Programme ELITE, mais il a aussi fait du programme — ainsi que de ses stagiaires — des favoris rapides par les responsables des stages.

« Les stagiaires du Programme ELITE sont très impressionnants », déclare Keenan Pascal, PDG de Token Naturals à Edmonton, en Alberta et responsable de stage du Programme ELITE. « Dès le début, ils étaient très ouverts d’esprit et talentueux. Vous pouvez voir qu’ils apprécient le temps et les efforts que l’entreprise investit en eux - ils sont très respectueux de ce côté, et ceci démontre jusqu’à quel point ils sont enthousiastes à l’idée de s’impliquer. »

« Vous n’avez pas vraiment besoin de beaucoup pour les former [les étudiants] parce qu'ils sont déjà exceptionnels depuis le début », affirme Dr Hossein Rouhani, qui est professeur agrégé à la Faculté de génie et au Laboratoire de contrôle neuromusculaire et de biomécanique à l’Université de l’Alberta. « J'encourage fortement les gens à devenir des responsables de stage pour le programme ELITE, même si d'un autre côté, je souhaite également avoir tous les stagiaires pour moi tout seul. »

 

Un impact incontestable

Lorsque les stagiaires du Programme ELITE, les membres du Comité directeur, les amis et les membres de famille se sont rassemblés pour l’Événement du dernier atelier technique interannuel en août 2021, beaucoup de choses n'avaient toujours pas changé par rapport à l'année précédente. Bien que l’émergence de quatre différents vaccins contre la COVID-19 donnaient de l’espoir pour l’avenir, le nombre élevé de cas signifiait que l’événement devait toujours encore se produire dans un cadre virtuel trop familier. Malgré une année de protestations, d'actions, et de réflexions qui ont exposé les réalités du racisme anti-Noirs, l’injustice systémique était encore aussi omniprésente qu’elle était en 2020. Partout au Canada et dans le monde, les températures estivales record ont souligné la plus grande menace de notre époque et le besoin urgent d’innovations durables futures durables au changement climatique.

Alors que les stagiaires du Programme ELITE parcouraient leurs diapositives embellies par des diagrammes techniques et scientifiques de bases de données de gestion de projet, de produits menstruels durables, et de matériaux de canalisations résistants à la corrosion, beaucoup de choses n’avaient toujours pas changé dans le monde. Le péril du présent et l'incertitude du futur étaient tout aussi réels alors qu'ils l'étaient quatre mois avant le début du programme. Cependant, une chose a changé et sa présence était évidente dans les présentations enthousiastes. En l’espace de quatre mois, dans des conditions incroyablement difficiles, 38 jeunes personnes noires se sont transformées d’étudiants stagiaires en ingénieurs, scientifiques, concepteurs, gestionnaires, et personnes qui résolvent des problèmes en formation. Avec un peu d’orientation, de défense d’intérêts, d’expérience de travail pratique, et d’encadrement — ainsi que beaucoup d’investissement personnel et communautaire — l’avenir semblait un peu plus brillant, et le présent un peu plus gérable.